Brix ne distinguait plus les coups de béliers des battements de son propre cœur. Le bruit sourd du martèlement, le gémissement plaintif de la porte maintenant branlante et les voix rauques des envahisseurs infiltraient son esprit, perturbaient tous ses sens… Souffle court, les cadavres disloqués de ses compagnons décédés dansaient devant ses yeux embués de larmes de douleur, de peur et de tristesse.
Entre chien et loup, profitant de la pénombre, l'ennemi avait habilement contourné les guetteurs, et l'attaque, brutale, ajoutée à la flagrante supériorité numérique des agresseurs, n'avait laissé aucune chance aux défenseurs hiberniens, dont les premières lignes s'étaient rompues tel un barrage de brindilles devant la férocité d'un torrent déchaîné. Abasourdi, Brix avait d'abord tiré sa lame, tel un automate, sans idée précise de l'ennemi qu'il devait affronter. Sa stupeur fut de courte durée et il fut rapidement emporté par la tempête de cris, de chairs et de sang, par le fracas de l'acier contre l'acier, le vacarme des guerriers enragés et de leur victimes. Abattant de ci et de là sa large falcata, titubant sur les corps meurtris de ses compagnons, Brix sentit son cœur s'arrêter lorsqu'il vit, au milieu de la mêlée, les deux étendards, Hibernien et Albionais, dressés l'un contre l'autre, s'opposant dans une lutte qui ne connaîtrait pas de fin. Il retint son souffle, hermétique à la sauvagerie environnante, et il le vit chuter, s'écrouler au sol, le vert hibernien maculé du sang de ses courageux enfants. Puis plus rien, il avait fui. Emporté par la peur il avait lâchement abandonné le champ de bataille pour se réfugier dans la petite tour qu'ils étaient censés rejoindre la nuit tombée. Un acte effroyable de lâcheté, bien souvent puni de mort en Hibernia, sanctionné par les compagnons survivants du traître sans honneur. Il avait rejoint le petit édifice, sans savoir qu'il était la cible d'Albion et qu'il deviendrait maintenant son tombeau, le tombeau d'un lâche…
Brix se releva avec peine. La porte allait céder. Cherchant du regard un ultime refuge, il s'engouffra sous le petit escalier menant au poste de guet. Il recula d'un bond devant son propre reflet. Un petit miroir était suspendu devant lui et il y découvrit son visage, maculé de sang. A ses pieds une bassine remplie d'eau croupie ainsi que des pots d'onguents et de peintures, l'équipement rituel des combattants celtes. Mécaniquement Brix plongea ses mains ensanglantées dans l'eau nauséabonde mais fraîche de la bassine et se nettoya le visage. Un instant il redécouvrit les traits du jeune homme qu'il avait été, avant cette bataille, cette folie…
Sur un cri du maître d'armes la porte céda enfin. Nadri sourit à son compagnon, la tour n'était pas défendue, le Sarasin n'avait compté qu'un seul homme y pénétrant, un lâche fuyant le champ de bataille. Il lui offrirait avec plaisir la possibilité de s'expliquer avec ses ancêtres. En bon éclaireur, il franchit le premier le seuil de la tour… Un cri inhumain lui déchira les tympans, une bête fondit sur lui, lance levée au-dessus d'un visage tordu par la rage, maquillé des peintures ancestrales celtiques. La troupe, comme d'un seul homme, recula d'un pas avant que le premier rang ne soit enfoncé par Brix. Usant de sa lance comme l'on use d'une faux, il trancha, sectionna, décapita, hurlant comme un damné à la lune naissante, sa colère et sa douleur, la rage de Cernunos… »
Tout a coup, une explosion aparut dans les rangs albionnais : les renforts hiberniens attendus pour la bataille arrivaient pour defendre ce qu'il restait de leur terre et repoussèrent leur assaillants. A leur tête se trouvait le géneral Mac Nolm, ce grand firblog protecteur de la couronne d'Hibernia. Lorsque ce dernier apprit l'acte lache du jeune homme il s'appreta à rendre justice de ses mains. Mais lorsqu'on lui dévoila que c'etait grâce a ce lâche que les albionnais avaient été repoussés il décida de lui laisser la vie sauve mais que celui-ci ne pourrait plus porter les armes d'Hibernia.
Brix se retrouva donc dans l'interdiction d'utiliser ses armes et d'appeler l'esprit de Cernunos pour dominer la bataille. Mais le jeune homme ne cessa de se reprocher ses erreurs du passé et il cherchait a se racheter. Tant de sang versé vainement sur les champs de bataille ... cela ne pouvait plus arriver tant qu'il serait présent. Il alla donc a Tir Na Nog afin de rencontrer le grand Druide Lovernios. Brix lui expliqua son problème et le supplia de le prendre dans l'ordre des druides d'hibernia.
Après quelques hesitations ,Lovernios accepta Brix au sein des apprentis druides. Le jeune homme était un élève très motivé et progressait très rapidement . Quelques lunes plus tard , Brix obtenu le rang de Maître Druide ainsi que celui de Protecteur du Roy.
Le Roy Lugh fit de lui un Champion du royaume et lui confia régulièrement des missions de patrouille à accomplir sur les frontières. Brix se retrouva à soigner ses compatriotes lors de la defense des reliques sacrées et le Conseil lui remis le titre de Protecteur d'hibernia.
Aujourd'hui encore il s'efforce tant bien que mal de faire survivre ses compagnons aux coups mortels des Trolls et Demi-Ogre attaquant souvent sournoisement à 2 endroits differents afin de tromper la vigilance hiberniennes. Il se bat sur les champs de bataille afin de défendre son royaume, ses reliques, sa guilde ,ses amis, sa famille .....